Crise libanaise de 1958
La montée des périls (1966-1975), le problème palestinien
À partir de la fin des années 1960, la vie politique libanaise est entachée d'affaires de corruption généralisée des fonctionnaires, contraints de démissionner par dizaines, et par les désaccords sur les thèmes de politique extérieure et de traitement de la résistance palestinienne. La classe dirigeante subit des conflits internes, l'enjeu de cette agitation étant le partage des positions de pouvoir. Les mouvements se radicalisent, et la tension grimpe.
Les libanistes conservateurs chrétiens craignent pour la cohésion nationale, alors que les arabo-palestino-progressistes musulmans sont solidaires de la résistance. Les milices commencent à s'armer massivement, le clan pro-arabe étant soutenu par les Palestiniens, alors que les libanistes se tournent vers l'Occident. Des vagues d'affrontements commencent, elles opposent la Phalange aux Palestiniens et au mouvement national.
Le problème palestinien
Les camps de réfugiés servent en effet de bases d'entrainement militaire, et plusieurs centaines de fedayins lancent des opérations commando contre la frontière nord d'Israël, ou même des actions terroristes à l'étranger. Devant la résistance qui s'organise, Israël attend du Liban qu'il assure sa sécurité en contrôlant l'activité des Palestiniens sur son territoire, mais le Liban est trop faible pour résoudre le problème.
Après la guerre des Six Jours et l'occupation de la Cisjordanie et de Gaza par Israël en 1967, puis la terrible répression jordanienne contre les fedayins palestiniens en septembre 1970 — connu sous le nom de Septembre noir —, la cause palestinienne s'enlise.
L'armée libanaise tente en 1969 de reprendre le contrôle des camps, mais elle est trop faible. Un compromis est trouvé avec la signature au Caire sous l'égide de Nasser, en 1969, d'un accord entre Yasser Arafat — commandant de l'OLP — et le commandant en chef de l'armée. L'extraterritorialité des camps des fedayins est reconnue. Cet accord est tenu secret, car il est contraire au plein exercice de la souveraineté libanaise. En effet, cet accord consacre le droit des fedayins à mener, à partir du territoire libanais, des opérations militaires et des attaques dans le cadre de leur lutte nationale armée et tout en respectant, ajoute le texte, la souveraineté de l'État libanais. Cette véritable entorse à la souveraineté va transformer le pays du Cèdre en marionnette des puissances arabes et surtout israëlienne de la région, et va permettre aux Palestiniens de s'y organiser militairement, et de créer un véritable État dans l'État.
À la différence des États arabes voisins, au pouvoir fort, qui n'hésitent pas à traiter le problème palestinien de manière radicale, la présence des réfugiés palestiniens au Liban et surtout la lutte de l'OLP contre Israël deviennent le point principal de désaccord entre les deux grands blocs. L’OLP va profiter de l’environnement démocratique existant au Liban, ainsi que de la nature multiconfessionnelle fragile du pays lui permettant de donner au conflit un habillage inter-libanais et rendant impossible la maîtrise de la présence palestinienne au Liban.
L'armée israélienne lance alors de nombreuses opérations meurtrières dans le Sud et jusqu'à Beyrouth. La population libanaise subit de plein fouet cette violence.
La guerre du Liban
Periode:1975-1990
La « guerre des deux ans » (1975-1976)
La violence devenait déjà commune au Liban, mais on dit généralement que la guerre civile commença le 13 avril 1975. Le matin, lors de l'inauguration d'une église dans la banlieue ouest de Beyrouth, des tirs provenant d'une voiture envoyée par le SSNP tuent le garde du corps de Pierre Gemayel pour venger la mort et la torture dans les prisons infligés par ce dernier aux prisonniers du SSNP. L'après-midi, les mitrailleurs phalangistes attaquent un bus passant dans la même rue, et tuent 27 travailleurs palestiniens. La spirale vers le chaos s'amplifie vite. Le "samedi noir", quand quatre chrétiens sont trouvés tués à coups de hache en décembre 1975, des phalangistes enragés par la mort de leurs compagnons tuent près de 600 musulmans près du siège de leur parti.
Embuscades, guérilla urbaine entre kalachnikov et M-16, tirs de francs-tireurs non identifiés sont bientôt suivis par l'entrée en lice de canons et de lance-roquettes. Les camps de réfugiés qui encerclent la ville sont la cible privilégiée des Kataëbs ; les Palestiniens répliquent en attaquant la ville de Damour (janvier 1976), et massacrent la plupart de ses habitants chrétiens.
Toute cette époque est marquée par des pillages et des destructions qui touchent même les grandes banques de la capitale. Beyrouth est vite divisée le long de la fameuse « ligne verte ». Cet état des choses se prolonge pendant les 17 années suivantes.
L'intervention syrienne
En 1976, la Syrie impose un cessez-le-feu car elle avait toujours cru et n'avait jamais accepté que le Liban soit un pays et propose un rééquilibrage du partage des pouvoirs entre communautés.
Le président Hafez el-Assad ordonne l'entrée de troupes et de blindés au Liban ordonné par les Américains en 1976, dans le but de « préserver le statu quo et mettre en échec les ambitions des palestino-progressistes ».
Grâce à l'intervention militaire et diplomatique des puissances régionales arabes, le président libanais et le chef de l'OLP sont convoqués à Riyad cette même année. Ils sont invités par l'Arabie saoudite et l'Égypte à reconnaître la légitimité de la présence des troupes syriennes au Liban, et l'officialisent par la mise en place de la Force arabe de dissuasion (FAD).
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